L’art russe vit encore

RVB[1]Selon « Le Temps »: » Svetlana Zakharova, l’étoile du célèbre théâtre moscovite, est un de ces miracles qui n’arrivent qu’une ou deux fois par siècle.
Seuls les superlatifs peuvent décrire son art, or cela pourrait vite devenir lassant. On peut bien sûr parler de sa grâce, de ses jambes qui semblent faites d’une autre matière que les nôtres, de son pied à la cambrure irréelle, de ses bras qui parlent une langue de silence, de ses grands jetés en apesanteur, de sa finesse d’interprétation, de sa finesse en tout. Mais cela ne remplacerait jamais le fait de la voir danser. De la voir dire avec ses bras le désarroi, l’espoir que l’on sait sans objet, ou, quelques minutes plus tard, la féminité triomphante…

Svetlana Zakharova est la star du Bolchoï. Elle est aussi la danseuse étoile invitée de la Scala de Milan, et l’invitée permanente du Nouveau Théâtre national de ­Tokyo.

La danse est affaire d’humilité et de contraintes. La lumière des projecteurs, posés sur soi seule, c’est quand l’histoire se termine bien, après des années à la barre à se battre contre un corps qui ne tient pas à aller là où on veut l’amener. Mais cela ne fait pas de soi une étoile pour autant. Toutes les filles du corps de ballet le savent, celles qui sautillent alignées, avec la jambe en arabesque, dans la meute de cygnes blancs, tous identiques, tous remplaçables. Une étoile, ça ne naît pas tous les jours. Il faut plus que du talent, plus que de la souplesse, plus qu’un pied qui se cambre… De quelle matière est faite une étoile? Disons qu’on la reconnaît quand on la voit. Une présence qui attire le regard, parce qu’elle brûle plus que les autres. Une manière d’incarner un personnage, d’y consumer toute sa force, toute sa foi… Elles ne portent pas le nom d’«étoiles» pour rien, ces filles-là.

Svetlana Zakharova a abordé la danse par le folklore, à l’âge de 6 ans, avant de rejoindre la Kiev Choreographic School. Après avoir remporté la médaille d’argent du Concours international des jeunes danseurs, à Saint-Pétersbourg en 1995, elle est accueillie à l’Académie Vaganova, le vivier du Kirov. A l’âge de 17 ans, en 1996, elle intègre la compagnie du Théâtre Mariinsky où elle sera nommée étoile à peine un an plus tard. Fulgurante déjà. Filante aussi. La dure école du Kirov et particulièrement son mentor Olga Moïsseïeva lui apprennent la technique, la rigueur, la précision. Sept ans plus tard, pourtant, en 2003, elle quitte le Kirov pour le Bolchoï. Pour des raisons «personnelles», dit-elle. Un passage qui lui a permis d’arrondir ses angles, si tant est qu’il y en eut. »

Tout ça démontre que l’art russe s’est conservé aux certains points locals, tels que BolchoÏ. Quant à moi, je n’aime pas tout à fait le ballet, mais cela ne signifie rien. Il est des gens qui le comprennent.