Manager i Rodina: dans le miroir de Staline

Difficile déstalinisation que nous chante ici Managuer. Dans les médias Francais sont sorties des interviews de Zakhar Prilepine pour la sortie de son roman fleuve chez actes sud l’archipel des Solovki. Dans le Monde et dans Telerama. Il y défend grosso modo l’idée que dans la société russe le seul moyen de lutter efficacement contre la corruption est la terreur Stalinienne.

Factuellement c’est faux, les répressions de masse n’ont pas entamé les fortunes des hommes les plus corrompus ni empêché le développement de la corruption à différents étages de la société, même s’il est vrai qu’envoyer tout le monde indifféremment pourrir au delà du cercle polaire favorise un turnover certain et peut procurer une joie malsaine à certains. Et ça c’est certain.

Cette chanson figure à la fin de l’album sorti en 2014 « sur l’ile bienheureuse » la musique et les paroles sont d’Oleg Soudakov leader du groupe et ancien responsable Nazbol de  Novossibirsk. Voilà toute l’ambiguité du regard en arrière vers Staline à partir d’un présent insatisfaisant.

О.Судаков Манагер и Родина -В зеркале сталина
Холодным летом пятьдесят третьего года
Пошатнулся ГУЛАГ и я подался на волю
Затравленная вера извивалась под ногами
Под осуждение вождя на веселом партсъезде
Par l’été cinquante-trois bien frais
Le Goulag s’est effondré et je me suis retrouvé libéré
La foi persécutée se tortillait sous les pieds
Sous la réprobation de notre leader au joyeux congrès du parti
Неужели Сталин не прав?

Язвительную улыбку распрямляли целиною
Пробуждая в реальность грандиозые думы
Покоряя с восторгом недра и звезды
и пусть мир содрогнётся на советскую удаль
Сталин оказался не прав

Serai-ce possible que Staline n’ait pas raison?

Dans la réalité des pensées grandioses en réveillant
Un sourire sarcastique redressent une terre en friche
Vainquant avec enthousiasme entrailles et les étoiles
Et que la bravoure soviétique fasse tressaillir le monde
Staline s’est avéré avoir tort

Реформы хлынули как камнепад
Приватизация провоцирует спад
Пенсионный фонд и коммунальный налог
Придушат да свалят с ног
Свобода!
Les réformes sont tombées comme les chutes de pierres
Les privatisations ont provoqué une récession
Fonds de pension et les taxes municipales
Nous étranglent et nous foutent par terre
Liberté!
Тяжко платить, обязан покупать
Хочу ходить, а надо отдыхать
Уроню на стол пожелтевшие очки
Подремлю, пока не вломятся торчки
Свобода!
C’est difficile de payer, je suis obligé d’acheter
Je veux marcher mais il faut me reposer
Je laisse tomber sur ​​la table mes lunettes jaunies
Je fais un somme tant que les camés ne se pontent pas
Liberté!
Замираю в российских датах
Путаюсь в кремлёвских пророках
Утопаю в православных грехах
Замороченный инфляцией и судьбой
Je reste figé dans les dates russes
Je confonds les prophètes du Kremlin
Je me noie dans les péchés orthodoxes
Persécuté par l’inflation et le destin
В аптеке я запинаюсь о льготы
Идушат циничные теледебаты
Всех обанкротило правое дело
скорей на воздух прогуливать тело
моё дряхлое тело
Моё ненужное тело
Безысходное тело
И всё таки Сталин был прав
À la pharmacie, je balbutie à propos des remboursements
Et les  débats télévisés cyniques m’étouffent
La cause juste a mis tout le monde en faillite
Et vite le corps a envie de se promener
Mon corps décrépit
Mon corps inutile
Ce corps inconsolable
Et pourtant, Staline avait raison

3 réflexions sur « Manager i Rodina: dans le miroir de Staline »

  1. Managuer, j’ai très peu écoute ce qu’il a fait lui-même, mais je suis fans de ses quelques collaborations avec Egor Letov sur le projet «Communisme» (Коммунизм), où ils s’amusaient à coller des textes (officiels comme populaires) soviétiques sur différentes musiques d’autres auteurs, inventant la «bastard pop»™ avant l’heure. On y retrouvait, pêle-mêle, un poème de l’ère Krouchtchev à la gloire du maïs (intitulé «À la vitesse soviétique») sur l’air du fameux morceau électronique «Pop-corn», un poème à la gloire de «l’aviateur Lee» sur fond de «Retour à la maison» d’Édouard Khil’ (avant que ça ne devienne la chanson trololo), ou encore un poème des jeunesses communistes sur fond de «If you’re happy and you know it, clap your hands».

    http://grant.pp.ru/grobrec/komm/sovspeed/08.mp3
    http://store.manager.lenin.ru/rodina_slyshit/10_Let4ik_Lee.mp3
    http://store.manager.lenin.ru/rodina_slyshit/16_Doroga_Molodezhnaya.mp3

    Même le fameux critique Artemi Troitski, qui détestait à peu près tout ce que Letov avait sorti avec GrOb, avait chroniqué les albums de Communisme de manière très positive à leur sortie.

    • Le serveur des mp3 n’a pas l’air de répondre, mais j’écoute sur youtube, les années 90 en Sibérie ont été productive pour ce qui est du punk 😉

      • Effectivement, je n’avais pas vérifié le 1er lien, qui n’a pas l’air de fonctionner. Pour les curieux :
        https://www.youtube.com/watch?v=C6t0TycexwE

        Pour les deux autres, normalement, « un clic droit > enregistrer [la cible du lien] sous » devrait marcher.

        Une ébauche que j’ai de la traduction du 1er morceau :

        ***

        Kommunizm – «À la vitesse des Soviets»

        Le maïs, le maïs, tu es de variété hybride,
        Partout dans l’Union tu es devenue visible !
        Poussez-vous, l’orge moustachue et l’avoine ébouriffée,
        En automne, le maïs nous apportera la richesse !

        Sur l’Oka, dans le Kouban, et sur la rivière Terek,
        Le maïs sera bien mieux que chez eux en Amérique !
        On est des gens pacifiques, mais on est de fortes têtes
        On rattrapera l’Amérique à la vitesse des Soviets !

        On a voulu nous faire peur, mais on n’est pas peureux
        Pour battre tout le monde sur le maïs on fera de notre mieux
        On a voulu nous faire peur, mais on n’est pas peureux
        Pour battre tout le monde sur le maïs on fera de notre mieux
        (bis)

        Ce n’est pas en miles à la mode que nous mesurons nos pas
        On marchait par sept lieues, on marche par septennats [1]

        Résonne donc ma chanson dans toute l’Union gaiement
        Maintenant le maïs est devenu le roi des champs !
        (ter)

        Poussez-vous, l’orge moustachue et l’avoine ébouriffée
        En automne le maïs nous apportera la richesse
        Sur l’Oka, dans le Kouban, et sur la rivière Terek,
        Le maïs sera bien mieux que chez eux en Amérique !
        On est de nature tranquille, mais on est de fortes têtes
        On rattrapera l’Amérique à la vitesse des Soviets !

        [1] Le 6e Plan, adopté en 1959, n’a pas été prévu sur une durée de cinq ans, mais de sept, en grande partie pour permettre la réforme agraire faisant place belle au maïs qui a fasciné Khrouchtchev aux USA…

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