Dans l’appartement des Bielutine -Dans le jardin du temps

Arte a diffusé le 7 mai 2012 un documentaire d’un genre un peu particulier sur un couple de retraités moscovites qui vivent dans un appartement rempli de tableaux de la renaissance. Ils invitent des journalistes (muets dans le film) à leur table de fin d’année. Outre les tableau et statuettes l’appartement est habité par des chats et un corbeau curieux. Nina et Ely sont âgés, ils ont plus de 80 ans et Ely est d’ailleurs mort en février dernier, ils sont méfiants, un peu paranos, mais on les comprend vu la façon dont il veillent jalousement sur une collection de peintures d’un autre âge. Pourtant ils font confiance aux journalistes français qu’ils ont invités et qu’ils accueillent fièrement dans leur demeure. Ils se montrent sympathiques et attentionnés avec leurs invités qui dans le film sont muets et se font le plus invisible possible. Le style se veut minimaliste façon strip-tease, cela en est même absurde, car la situation dont il s’agit ce n’est pas juste une visite de l’appartement mais une invitation et une discussion autour d’une table, n’ayant pas d’interlocuteur, ne trouvant pas la répartie chez leurs invités, nos personnages sombrent dans un triste soliloque d’une banalité affligeante. On a le sentiment de passer à coté d’une histoire intéressante, ces gens âgés ont vécu du temps de l’URSS une vie inhabituelle, et il doit leur rester des souvenirs (réels ou inventés) mais ils n’en font pas état. On est invité à les inventer nous même. Le choix stylistique fait par Clément Cogitore (privilégier l’atmosphère actuelle, l’ambiance, le naturel des personnes filmées) est peut être justifié (forte atmosphère, personnes très âgées et fatiguées, souvenirs d’URSS pas forcément agréables, mythomanes … ) mais laisse forcément le spectateur sur sa faim. Montrer ne suffit pas à faire voir ni à faire comprendre.

L’atmosphère de cet appartement est très bien rendue dans le film: il n’y a pas de commentaires, il n’y a pas de doublage, juste un sous titrage en jaune au bas de l’écran. Une panne d’électricité réelle ou prétendue contraint les hôtes à s’éclairer à la bougie renforçant l’atmosphère hors du temps de cet appartement ancien, et au montage de la musique inquiétante dramatise le tout.

Le film est accompagné d’un web documentaire de très bonne facture qui apporte curieusement beaucoup plus que le film lui même et qu’il est donc fortement recommandé de consulter après avoir vu ce film.

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