Internet, l’état et la loi du silence

En parcourant le journal vivant de l’internet je tombe par hasard sur un blog francophone qui parle du massacre de Kouchtchevskaya. Intéressant je n’avais rien vu en Français sur le sujet. Je pensais simplement que ces histoires de mafia russes étaient intraduisibles. Pourtant l’affaire est intéressante. Il s’agit d’un règlement de compte très années 90: des enfants torturés et tués devant les yeux de leurs parents, à leur tour tués puis la maison incendiée. De quoi terroriser tout une région et émouvoir tout un pays.

Notre blogger francophone compare cette affaire à celle du passage à tabac du journaliste Kachine qui occupait les médias à la même époque. En effet dans les deux cas il s’agit d’actes d’une violence extrême commis par des criminels qui contrôlent localement la société, la politique, la police et la justice. L’état ne peut pas grand chose dans cette affaire puisque ses représentants locaux sont soit terrorisés, soit corrompus, soit neutralisés par cette sorte de mafia locale. Pourtant les médias et surtout internet Internet perturbent l’ordre sempiternel  de ces organisations mafieuses. Parce que cet ordre repose avant tout sur la loi du silence, l’ultra-violence pour créer la peur qui maintient ce silence et la corruption des services de l’état pour agir en toute impunité et maintenir ce silence.

La loi du silence ne se réduit pas à la peur de la mafia et à l’omerta. Elle est bien plus ancrée. On ne va pas parler pour ne pas déplaire au chef, ne pas déplaire à ceux  « que l’on à pas besoin de connaître mais qui nous connaissent », on ne va parler pour ne pas sortir du rang. Même si on est témoin ou victime d’une injustice. On se tait et on accepte.

Maintenant internet bouleverse la donne. Tout le monde peut s’exprimer et toucher directement tout un chacun, toucher les médias,  toucher le président. L’enquêtrice par exemple à Kouchtchevskaya devait être neutralisée puisque les services de l’état sont localement contrôlés par la mafia. Et bien non, elle s’est adressée directement au président:

Un an auparavant la vidéo de l’officier de police Alexeï Dymovski fatigué de la corruption systémique de ses services s’était adressé directement à tous les officiers du pays et au premier ministre et avait secoué toute la Russie. Bien entendu il n’avait pas été protégé et au contraire accusé de folie, d’espionnage, de manipulation, d’être un agent américain infiltré… Mais le débat était ouvert pour savoir comment adapter la police soviétique au monde du XXI siècle. Et cela a bien entendu influencé la réforme défendue par le président Dimitri Medvedev. Le magazine Russky Reportor ne s’est d’ailleurs pas trompé en le nommant geste politique numéro 1 de l’année.

Internet change la donne, mais ce n’est qu’un début il suffit de suivre le blog d’Alena Popova pour se rendre compte qu’internet est en train de toute changer.

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