Le 31 octobre 2015, tôt le matin, un charter russe explosait au dessus du désert du Sinaï. L’avion était plein, les touristes russes rentraient dans la grisaille automnale de Saint Petersbourg après quelques jours de repos au soleil. Pour les 17 enfants qui avaient pris l’avion ce jour là à Charm el-Cheikh la mort semble encore plus injuste que pour les 207 adultes qui les ont accompagnés dans la mort. La mort d’un enfant semble toujours injuste. Un adulte a toujours la possibilité de choisir un autre avion, un enfant non. Un adulte a déjà vécu, un enfant non. Un adulte a déjà regardé les informations, approuvé les nouilles qui sortent du téléviseur, demandé à ce que l’on bombarde les villes Syriennes avec des munitions au rabais, un enfant n’a jamais regardé que quelques dessins animés et espéré la mort que de méchants fictifs. Un enfant n’est pas responsable et sa mort semble toujours atroce. Les médias et les politiques en profitent toujours pour l’instrumentaliser et il y a à ce sujet une très bonne chanson.
Bien entendu c’est une perspective humaniste et européenne de s’attacher ainsi aux enfants, de sacraliser l’enfant de cette façon. Il y a quelques semaines, le 13 octobre, un bébé Tadjik a été tué par la police de Saint-Petersbourg au mépris de la loi et des conventions internationales de protection de l’enfance. La réaction du consulat du Tadjikistan était très timorée avant que les pressions de la société ne demandent de conduire une enquête. Du côté russe il est peu probable qu’une quelconque enquête aboutisse étant donné le développement de l’affaire et puis après tout, où s’arrête la fraternité, est ce que la vie des gens qui ont une autre nationalité nous importe?
Mais revenons à l’explosion de L’Airbus à 321 de Métrodjet, un pompier qui avait la lourde tache de ramasser les corps à la petite cuillère a composé ces vers dédiés au passager principal que l’on nome ainsi du fait de sa photo à l’aéroport de Saint Petersbourg. Une photo de dos, les mains sur la vitre devant un avion qu’il semble manipuler par effet de perspective. « Le passager principal » était titrée la photo sur instagram.
Я не знаю тебя, малышка, Как же так? Почему? Зачем? |
Je ne te connais pas, bébé, Comment cela est il possible? Pour quelle raison? Dans quel but? |
Спать заставила яркая вспышка И укрыла в вечности тлен. Этот тлен пусть видит весь мир: Видит русский, еврей, гринго. |
Une explosion lumineuse t’a forcé à dormir Et t’a recouvert de poussière dans l’éternité. Puisse le monde entier voir cette poussière: Le Juif, le russe et le gringo la voient. |
А тебе не пить рыбий жир, не взрослеть… Не ждать бинго. Ты теперь ветер и вьюга. Ты песок, снег, ели шишка. |
Et tu n’auras pas à boire de l’huile de foie de morue, tu n’auras pas à grandir.. Tu n’as pas à attendre le bingo. Maintenant tu es le vent et la tempête. Tu es sable, la neige, la pomme de pin. |
Ты найди себе доброго друга. Ты прости нас, прости, малышка. |
Trouve-toi un bon ami. Pardonne-nous, pardonne-nous, petit graçon. |