Clip de campagne à la russe

Dans les jours qui viennent, dimanche 8 septembre pour être précis auront lieu les élections à la mairie de Moscou. Le maire sortant (Sergueï Sobianine) devrait être réélu sans surprise mais pour pimenter un peu une campagne morne où la plupart des candidats ont déjà été éliminés (en reste 6), le pouvoir a propulsé le nationaliste Alexei Navalny, pourtant déjà condamné et écroué par la justice.

Il est difficile d’imaginer à quoi ressemble un clip électoral russe. Je vous en traduit donc un qui vient de sortir samedi dernier, vous apprécierez le niveau de cette campagne électorale et la façon dont le budget est dépensé.  Cela échappe à toute logique comme. S’il est vrai que parfois en France on se permet de diaboliser le front national, je n’ai jamais vu quelque chose d’approchant dans l’hexagone.

Précisons en outre que la voix dans le clip a un accent savamment caricaturé pour réveiller votre xénophobie latente.

Bonjour à tous, je suis Alexei Navalny le maire de Moscou. Il fait chaud chez nous là bas. On ne se parle pas avec Poutine. Ni les région, ni le Kremlin ne fournissent plus Moscou. On a enterré les centrales, on y fait des excursions. Les problèmes de transport sont résolus une bonne fois pour toute. On a détruit les routes, on a déglingué le métro et dans la ville il n’y plus d’embouteillages. Ceux qui ont survécu c’est les Gay parce eux ils savent l’avoir dans le cul. On a des défilées de Gay Pride au stade Lujniki, sur la place du marais et sur la place rouge. Sur les terrains de jeux des enfants on vend maintenant des kébabs et des drogues synthétiques. La vie des enfants est plus belle et plus courte. Oh un de moins!
Au stade olympique on a les concert des Pussy Riot et de Roma Joloud (Roma Acorn). Tout le monde veut se défoncer alors on fait salle comble. Tu es venu?
Voici notre mairie (l’ambassade américaine). Là nous vivons et travaillons, des fois les murs de la démocratie se fendent. Et nous devons les reconstruire. Voilà, encore une fois. Je vais encore une fois… vous cliquez sur « j’aime » c’est vrai que j’aime Moscou ainsi.

Strelki: Moscou

 

Стрелки – Москва
Есть на планете голубой
Такой прекрасный город,
Где бой курантов над рекой
Всем бесконечно дорог.

Здесь над кремлевскую стеной
Звезда горит, сияет.
Моя Москва, мой дом родной.
Пусть все об этом знают.

Есть на планете голубой
Такой чудесный город,
Он очень дорог нам с тобой
И каждому он дорог.

Здесь об истории гласит
Любой московский камень,
И волны бьются о гранит
Под темными мостами.

Припев:
Москва, Москва, ты так близка
И нет уютней дома.
Вся жизнь моя тобой полна
И все мне здесь знакомо.

Москва, Москва, горят огни,
В вечерней дымке тают.
Приходят дни, уходят дни,
А город расцветает.

И на планете голубой
Красивей нет столицы,
Не зря ведь нам она с тобой
В краях далеких снится.

И каждый раз день ото дня
Аккорды подбираю,
И песни складываю я,
Москве их посвящаю.

Припев:

Москва, Москва!

Sur la planète bleue il y a
Une ville si merveilleuse,
Où sonne le carillon au dessus de la rivière
A toutes les routes interminables.

Ici, au dessus des murs du Kremlin
L’étoile, est allumée et brille.
Mon Moscou, ma maison natale.
Que tout tout le monde le sache.

Sur la planète bleue il y a
Une ville si merveilleuse,
Elle nous est très chère
Et à chacun elle est chère.

Ici l’histoire s’édicte
N’importe quelle pierre moscovite,
Et les vagues battent le granite
Sous les ponts obscurs.

Refrain:
Moscou, Moscou, tu es si proche
Et pas une maison confortable.
Toute ma vie est  remplie de toi
Et ici, je connais tout.

Moscou, Moscou, brillent des lumières,
Qui disparaissent dans les brumes du soir.
Les jours arrivent, les jours passent,
Et la ville s’épannouit.

Et sur ​​la planète bleue
Il n’y a pas de plus belle capitale,
Ce n’est pas en vain après tout
Que je la vois en rêve avec toi dans des contées lointaines.

Et à chaque fois de jour en jour
Je compose des accords,
Et je compose des chansons
Je les dédie à Moscou.

Refrain:

Moscou, Moscou!

Fiodor Tchistiakov: La rue Lénine

La rue Lénine est la rue principale de la ville soviétique type. Aujourd’hui encore même si l’union soviétique n’existe plus les la plupart des villes russes s’articulent autour d’une rue Lénine et d’une statue de Lénine. Au delà des simples considérations urbanistes c’est un mode de pensé, un mode de vie qui est en partie conservé même si le système est différent. Fiodor Tchostiakov s’exprime sur ce sujet qui n’est pas si simple: comment est-il possible que même si tout à changé, rien n’ait changé.

ФЁДОР ЧИСТЯКОВ — УЛИЦА ЛЕНИНА (20 ЛЕТ СПУСТЯ)
Ты спросишь меня, почему иногда я молчу?
Почему не смеюсь и не улыбаюсь?
Просто серьезную вещь я поведать хочу-
Историю жизни своей рассказать собираюсь.
Tu me demande pourquoi parfois je me tais?
Pourquoi je ne ris pas et ne souris pas?
Je veux seulement dire des choses sérieuses
Je vais raconter l’histoire de ma vie.
Как меня мама зачала на улице Ленина,
Как меня там зарубало время от времени.
И как приобрел я синдром улицы Ленина,
И как до сих пор зарубает время от времени.
Comment maman m’a conçu dans la rue Lénine
Comment je me fais défoncer de temps en temps.
Et j’ai acquis le syndrome de la rue Lénine,
Et jusqu’à aujourd’hui ça défonce de temps en temps.
Не в ногу со всеми шагать там было не принято,
Иметь свое мнение это почти преступление,
С проклятьями в сердце песню хвалы петь в намордниках
И вместе будущность весело строить счастливую.
 Ne pas y suivre le rythme n’était pas accepté,
Avoir sa propre opinion c’est presque un crime
Avec malédictions dans le cœur on chante des louanges dans une muselière
Et construire ensemble gaiement un avenir heureux.
Вот так я и жил на улице Ленина
И горькую с горя глушил время от времени!
Вот так я и жил на улице Ленина
И горькую с горя глушил время от времени!
C’est comme ça que j’ai vécu dans la rue Lénine
Et avec un amère chagrin j’étouffais de temps en temps!
C’est comme ça que j’ai vécu dans la rue Lénine
Et avec un amère chagrin j’étouffais de temps en temps!
Съехал оттуда давно, с переменою адреса
Чтоб все забыть словно сон и начать жизнь по-новому,
Рабство духовное сбросить и жить с новой радостью,
И обрести свободу свою и достоинство.
Ça fait longtemps que j’ai déménagé de là-bas, avec le changement d’adresse
Pour oublier tout comme un rêve, et commencer une nouvelle vie,
Abandonner l’esclavage spirituel et vivre avec une joie nouvelle,
Et trouver sa liberté et sa dignité.
Время течет как река и уносится в прошлое
Живу я в свободной стране — все цивилизовано
Но толи чего-то не понял, а толи мерещится.
Как будто бы все тоже самое, но только по-новому
Le temps s’écoule comme un fleuve et emporte le passé
Je vis dans un pays libre – tout est civilisé
Mais soit je n’ai pas compris quelque chose, soit c’est mon imagination.
C’est comme si tout était pareil, mais d’une nouvelle manière
Снова как будто стою на улице Ленина
и у меня дежавю время от времени.
Снова как будто стою на улице Ленина
и у меня дежавю время от времени!
Comme si à nouveau je me tenais debout sur la rue Lénine
et j’ai déjà vu de temps en temps.
Encore une fois, comme si debout sur la rue Lénine
et j’ai un « déjà vu » de temps en temps!
Вот — думаю я, куда же попали мы?
Как хорошо, что хотя бы не на улицу Сталина
И вот я снова пою на улице Ленина
Про то, как меня зарубает время от времени
Voilà – je pense, où sommes-nous tombés?
Encore heureux que ce ne soit pas dans la rue Staline
Et voilà que je chantais dans la Lénine
Sur la façon dont je me fais défoncer de temps en temps