Si situation politique est depuis longtemps une question qui divise le show business russe, depuis quelque mois la division se fait entre ceux qui partent et ceux qui restent. Entre ceux qui sont poursuivis en Russie pour leur indépendance d’esprit et ceux qui font allégeance.
Pour les 30 ans de la chanson « Je reste », (d’Anatoly Krupny du groupe Black Obelisk) Garik Soukatchev a invité un tas d’artistes qui ont chacun leur motivation propre pour rester, le chanter et se distancer de ceux qui sont partis (comme faut-il le rappeler Andrey Makarevich – Israël, Chulpan Khamatova -Lettonie, Vera Brejneva – Italie, Renata Litvinova et Zemfira -France, Olga Smirnova -Pays-Bas, Ingeborg Dapkunaite – Belgique, Alla Pugacheva & Maxim Galkin – Israël, Nyusha -EAU, Alexander Vasiliev – France).
Le parallèle avec les années 90 et « l’émigration saucisson », où les Russes émigraient pour manger à leur faim en occident plutôt que dans une Russie désorganisée en proie à des privatisation sauvages, a ses limites bien sûr car les motivations des émigrants et la désorganisation de la société diffère largement. La question de la responsabilité collective, de ceux qui ne font pas corps avec le groupe, des « étrangers parmi nous » est également intéressante, mais là encore la concordance des temps entre les années 1990 et 2020 est probablement trompeuse.
Soukatchev a donné une interview à la Pravda du Komsomol pour s’expliquer sur la façon dont il partage les vicissitudes de son pays :
-« Il y a trop d’étrangers parmi nous. »
-Oui, ça a toujours été comme ça. Je répète : je ne cherche pas à condamner qui que ce soit, ni à présenter quelque chose à quelqu’un. Mais si nous parlons de moi personnellement – oui, c’est ça ma réponse. Oui, c’est comme ça – je suis russe. Je n’ai jamais eu l’intention d’aller nulle part ailleurs. Je suis le fils d’un ancien combattant et partisan de la Grande Guerre patriotique. Ma patrie est ma patrie. « Être triste avec toi, ma terre, et faire la fête avec toi » . Je porte exactement la même responsabilité pour tout ce qui se passe dans mon pays. Soit une partie de mon bonheur, soit une partie de ma culpabilité m’incombe personnellement – du fait que je suis une personne russe et que c’est ma patrie. Je suis né avec ça, ils vont me mettre dans un cercueil avec ça. Maintenant, ils ont commencé à écrire: « Soukachev a répondu » – je ne réponds à personne. Je ne fais que m’exprimer.
А мы опять стоим, и в трюме вода, И ты опять твердишь, что надо бежать, И ты опять твердишь, что надо туда, Где не качает, сухо и есть чем дышать. Но ведь и здесь есть шанс, пускай один из десяти, Пусть время здесь вперед не мчится — ползет, И пусть остаться здесь сложней, чем уйти, Я все же верю, что мне повезет… |
Et nous sommes de nouveau debout, et il y a de l’eau dans la cale, Et tu répètes encore qu’il faut fuir, Et tu répètes encore qu’il faut y aller, Là où ça ne pompe pas, c’est sec et il y a de quoi respirer. Mais même ici, il y a une chance, que ce soit une sur dix, Que le temps ne se précipite pas ici – il se traine, Et même si c’est plus difficile de rester ici que de partir, Je crois toujours que j’aurai de la chance… |
И я, я остаюсь, Там, где мне хочется быть, И пусть я немного боюсь, Но я, я остаюсь, Я остаюсь, чтобы жить! |
Et moi, je reste, Là, où j’ai envie d’être Même si je risque d’avoir un peu peur Mais moi, je reste Je reste pour vivre ! |
Ты говоришь, что здесь достаточно зла, И ты спешишь скорей отсюда уйти, Ты говоришь, что мне неволя мила, И свято веришь в правду другого пути, Бежать и плыть, лететь, куда, все равно, Лишь бы туда, где нет и не было нас, Ты говоришь, здесь все погибло давно, И слишком много чужих среди нас… |
Tu dis qu’il y a suffisamment de mal ici Et tu es pressé de sortir d’ici, Tu dis que je accommode de la servitude, Et tu crois fermement en la vérité d’un autre chemin, Courir et nager, voler, là-bas, peu importe Seulement là où nous ne sommes pas et où nous n’avons pas été, Tu dis que tout ici est mort il y a longtemps, Et il y a trop d’étrangers parmi nous… |
Но я, Я остаюсь, Там, где мне хочется быть, И пусть я немного боюсь, Но я, я, я остаюсь, Я остаюсь, чтобы жить! Я остаюсь! Остаюсь! |
Mais moi, Je reste, Là, où j’ai envie d’être Même si je risque d’avoir un peu peur Mais moi, moi, je reste Je reste pour vivre ! Je reste! Je reste ! |
Я здесь привык, хоть здесь я словно в строю, Я вижу все, хоть здесь и мало огней, И на ногах, я здесь, так прочно стою, А чтоб стоять, я должен держаться корней, Я здесь привык, я здесь не так одинок, Хоть иногда, но здесь я вижу своих, Когда начнет звенеть последний звонок, Я буду здесь, если буду в живых… |
Je suis habitué à ici, même si ici j’ai l’air d’être dans le rang, Je vois tout, même s’il y a peu de lumière ici, Et sur mes pieds, là, je me tiens debout si fermement Et pour tenir debout, je dois m’accrocher aux racines, Je suis habitué à ici, je ne suis pas si seul ici, Bien que parfois, mais ici je vois les miens, Quand la dernière cloche commencera à sonner Je serai là, si je suis encore en vie… |
Ведь я, Я остаюсь, Там, где мне хочется быть, И пусть я немного боюсь, Но я, я остаюсь, Я остаюсь, чтобы жить! Я остаюсь! Я остаюсь! |
C’est que moi, Je reste, Là, où j’ai envie d’être Même si je risque d’avoir un peu peur Mais moi, moi, je reste Je reste pour vivre ! Je reste! Je reste ! |