La qualité de la vie

La Russie ne se distingue pas franchement pas la qualité de vie qu’elle offre à ses concitoyens, il suffit de brancher votre voisine de palier ou votre télévision à l’heure des informations pour se dire « oh! mon Dieu! » mais  l’accumulation de faits divers n’est pas de la statistique et ne permet pas non plus de comparer et de juger correctement. L’OCDE vien de publier une version améliorée de son indice de qualité de la vie dans lequel on peut comparer facilement deux pays ou plus et avoir une vision synthétique des différents aspect qui font la qualité de vie. On apprend par exemple que les 20% les plus riches gagnent 9 fois ce que gagnent les 20% les moins riches (seulement 4 fois en France). La pollution est aussi un facteur important de différence même si la situation tend à s’améliorer.

Mais bien sûr les statistiques ne résument pas à elles seules le sentiment de qualité de vie. Le fait que les gens sont plus ou moins raleurs est résumé dans l’indice desatisfaction à l’égard de la vie. La France obtient 7 (le maximum étant 7.8 pour le Danemark connu pour être moins ronchons que les autres pays), la Russie se situe à 5.3 en queue de classement avec le Portugal et la Hongrie. En France 73 % des personnes interrogées indiquent vivre plus d’expériences positives au cours d’une journée moyenne (sentiment de repos, fierté d’avoir accompli quelque chose, plaisir, etc.) que d’expériences négatives, en Russie seulement 59%.

Enfin pour bien comprendre la différence entre les ronchons et les ronchonneurs ou même les ronchonneaux il suffit d’écouter la chronique de Jean Louis Ezine de ce jour.

DDT Youri Chevtchouk – Amour


Je rajoute cette vidéo puisque vendredi soir j’ai justement vu Iouri Chevtchouk interpréter cette chanson.

 

Paroles DDT – Amour
Он прожил много лет, он прожил много зим
Тянулись серые дни и никого рядом с ним
Он просто пил, ел, спал.Тянулись серые дни
Тянулись серые дни, они и только они
Небо, улицы, люди – все в серой золе
Одиночество стынет на пыльном столе
Он петляет петлей от окна до окна
Из которых уже не видна, не видна онаЛюбовь, любовь, любовь
О-о-о-о, любовь
Il a vécu de nombreuses années, il a vécu de nombreux hivers
Des jours gris se sont traînés et personne près de lui
Il buvait seulement, mageait et dormait.Les jours gris se traînaient
Les jours gris se traînaient, et seulement eux.
Le ciel, les rues, les gens – tous en cendres grises
La solitude refroidit sur une table poussiéreuse
Il serpente à travers de fenêtre en fenêtre
Desquelles ils n’est déjà plus visible, plus visibleAmour, amour, amour
Oh-oh-oh-oh, l’amour
Старый город, зевая, поднялся с земли
Он стряхнул с себя мусор, разогнал корабли
Засадил голый Невский зеленой травой
Александрийский столб покрылся, как мечтами, листвойНервный Петр в увольнении, до сих пор нет
Пошел вразнос, говорят, ведь конь стоял столько лет
Все дома вверх ногами, все сходит с ума
Вон там вдали, вон за Невой она, онаЛюбовь, любовь, любовь, любовь
Любовь
О-о-о-о, любовь
Любовь
О-о-о-о, любовьЛюбовь, любовьЛюбовь
О-о-о-о, любовь
ЛюбовьОн прожил много лет, он прожил много зим
Тянулись серые дни и никого рядом с ним
La Vieille ville, en bâillant, se relevait de terre
Il se secoua de la poussière, dispersa les navires
Planta Nevsky nu avec l’herbe verte
La colonne d’Alexandre a été recouverte comme  des rêves, des feuillages
Pierre, nerveux dans la destitution, jusqu’à présent
Est allé colporter, dit-on, parce que le cheval avait tant d’années
Toutes les maisons sont sur pied, tout le monde devient fou
Là-bas au loin, elle est derrère la Neva,Amour, amour, amour, amour,
L’amour
Oh-oh-oh-oh, l’amour
amour
Oh-oh-oh-oh, l’amourAmour, amourL’amour
Oh-oh-oh-oh, l’amour
L’amourIl a vécu de nombreuses années, il a vécu de nombreux hivers
Des jours gris se sont traînés et personne près de lui

-La colonne Alexandre est une grande (47m) colonne sur la place du palais à Saint Petersbourg.
-La Néva est un fleuve Russe qui coule du lac Ladoga à la mer Baltique dans laquelle il se jette à Saint-Pétersbourg (74km)
Alexandre Yaroslavitch est un grand prince Russe et un chef militaire russe mort en 1263 qui a remporté la bataille de la Néva contre les Suédois (15 juillet 1240), d’ou le nom de Nevski. Il est d’ailleurs un saint puisqu’il a été canonisé en 1547.
(oui je sais dans chacune de ces notes il y soit à un 47 soit à un 74 c’est bizarre).

Entretien avec Olga Sedakova

Olga Sédakova est actuellement la poétesse la plus illustre de Russie, elle a reçu en mars dernier l’ordre des arts et lettres du ministère français de la culture.

Il y a quelques semaines un hebdomadaire russe lui consacrait la une le regard lointain, la cigarette se consumant derrière sa tête. Je vous invite bien sûr à aller lire l’interview qu’elle a donnée à cette occasion à Olga Andreeva pour Russky Repertior. Sinon en voilà la traduction en Français:

Olga Sedakova: « On peut continuer à vivre … »
En quoi croit et espère le plus grand poète du pays

«La deuxième culture» – Voilà comment à l’époque soviétique on appelait le cercle des poètes, des essayistes et des artistes à qui appartenait à Olga Sedakova. Ni la glasnost, ni la démocratie ne l’ont fait en premier. Ce cercle est toujours à coté de la mode, et du mainstream. Dans le monde de Sedakova le temps présent est seulement une partie de l’histoire, mais les surprises du présent ne font que confirmer les lois irréfutables de la nature humaine. En Décembre 2011 à Rome elle, la poétesse russe, a reçu le prix nouvellement créé Dante Alighieri, et en Mars 2012, elle a reçu le titre d’Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française. « RR » a demandé Olga Sedakova de raconter à quoi ressemble la Russie moderne du point de vue de l’éternité.


Olga Andreeva,  le 2 avril 2012, № 13 (242) – Olga Sedakova

Elle est née à Moscou en 1949. Elle commencé à écrire de la poésie très tôt, mais cette passion était longtemps incomprise. Quand est venu le temps d’aller à l’école, la famille d’Olga était à Pékin, où son père travaillait comme ingénieur militaire. Une année à Pékin a forcé Sedakova à voir la Chine comme sa patrie. En 1967, elle entre à la Faculté de philologie l’Université de Moscou. C’est là qu’eut lieu sa rencontre avec les professeurs – N.Tolstoï, I. Lotman, S. Averintsev et d’autres. Peu à peu s’est formé un cercle informel de linguistes universitaires, conservant un point de vue humaniste sur la culture. Son premier recueil de poèmes, Sedakova ne le publia qu’en 1990. Au même moment elle allait pour la première fois à l’étranger. Son excellente connaissance des langues lui a permis en Europe de trouver des amis et lecteurs parmi les gens cultivés. Aujourd’hui 27 recueils de poésie et de prose de Sedakova ont été publiés. Elle est la lauréate de 14 prix russes et internationaux, elle est docteur en théologie honoris causa, et officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française.

Olga Sedakova est un poète étrange. Ce qui est étrange c’est de refuser en permanence ce que d’habitude on réclame au destin. Sa biographie est dépourvue d’événement tonitruant. Elle a toujours su les éviter. «Dans l’esthétique soviétique – a t-elle dit un jour – il y avait une sorte d’expérience du culte de la vie. Les artistes espèrent souvent trouver dans l’expérience quelque chose qui n’est pas à l’intérieur d’eux même, et délibérément ils se font une expérience particulière: intéressante, sombre et effrayante. Mais le fait est que dans une telle expérience il n’y a pas de sagesse. Je ne voudrais pas avoir certaines de leurs expériences.  »

Sa spécialisation était l’antiquité slave. Cela signifie elle portait un intérêt scientifique à l’homme qui crée: sa culture, sa vie et lui-même. Formellement il s’agit seulement d’un modeste doctorat. Elle est à la fois docteur en théologie et poète. Après la mort de Averintsev, Likhatchev et Lotman Olga Sedakova est restée en Russie, l’un des rares spécialistes sur les valeurs éternelles de l’homme.

***
Son petit appartement de la banlieue nord de Moscou est sombre et calme. Olga a récemment eu une pneumonie et est encore très faible. Sa voix est calme, un léger sourire traverse son visage, les mots échappent à la finalité, à la sentence dernière. Sa façon de parler exige un effort de l’auditeur, pas moins que ce qu’il convient de lui consacrer. Elle invite à écouter attentivement le sens des mots qui s’écoulent. Condamner nous y arrivons. Arrivons nous à écouter? ..

Une lampe de table est allumée et dans la pénombre scintillent des dos de livres et des cadres de photos. La salle carrée et entourée de bibliothèques, un vide d’ascète. Dans cet appartement il n’y a rien de notre siècle, ni du pays. Il n’y a rien hormis des livres. Donc, il y a là le monde entier.

– En Europe il existe le concept d’«intellectuel». En Italie – Umberto Eco, en Allemagne – Günter Grass. Sont ils les frères de sang de nos intellectuels?

– C’est une longue histoire – l’origine de l’intellectuel européen – commence-t-elle tranquillement. – Il provient de l’humaniste, et puis à son tour de l’homme d’église savant. Il s’agit d’une certaine partie intellectuelle de la société, qui s’est toujours réservé le droit d’avoir son point de vue. Mais il y a aussi un autre concept – l’autorité morale. L’intellectuel d’aujourd’hui il n’est pas du tout une autorité morale. L’époque d’une telle autorité, je le crains, est révolue en Europe. Pour beaucoup de mes amis, des européens de culture, ni Eco, ni Grass ou ne sont une autorité morale. Je ne sais pas pour qui ils le sont. L’autorité morale est incarnée par une figure bien différente. Il m’est arrivé d’être en Allemagne lors d’un concert du violoniste aujourd’hui décédé Yehudi Menuhin. Lui il avait cette confiance absolue. Vers lui on venait comme vers un prêtre séculier, pour un soutien spirituel. Les intellectuels occidentaux contemporains ne sont pas ainsi.

– Quelle est la différence?

– Les plus influents d’entre eux, en général, sont d’un parti de gauche et sceptiques dans le sens philosophique du terme. La bonté, la chaleur et la générosité qu’il y avait chez Albert Schweitzer ou chez Yehudi, ils ne l’ont tout simplement pas, c’est un autre type d’hommes. Ils ne sont pas seulement des experts, ils se pensent également eux-mêmes. Et de façon indépendante ils pensent la lutte contre l’injustice. Mais dans l’Europe d’aujourd’hui il est peu probable que vous puissiez en citer un seul homme comme Schweitzer .

– C’est à dire que la bonté est plus importante que les capacités d’analyse?

– Nous avons besoin d’une certaine profondeur, – dit elle détournant les yeux. – Les autorités morales ne sont pas nécessairement des croyants. Je n’ai pas entendu ce que Menuhin a dit de sa religiosité. Mais bon, par exemple, son geste quand, Juif, juste après la guerre il est venu à jouer à Berlin, comme pour montrer – voilà c’est comme ça qu’on va faire … C’est un geste de générosité. Et tout ce qu’il faisait était imprégné de cet esprit … Vous savez qui fut le dernier cette autorité morale. C’est bien sûr Jean-Paul II. Il était entouré par cette même attitude de respect et d’une sorte de joie. C’est pour cela qu’il l’était.

Sur l’armoire derrière Olga il y a une photo encadrée on voit un Jean-Paul II souriant et penchant la tête, à côté il y a une jeune fille un peu gênée: Sedakova . En 1998, à Rome, il lui a remis le prix littéraire Vladimir Soloviev pour « racines chrétiennes de l’Europe. »

– Nous nous étions rencontré pour la première fois trois ans auparavant – ajoute Sedakova. – Il avait invité alors à Rome toute une délégation de personnalités du monde culturel russe. On nous a suggéré de donner au pape nos compositions. J’avais justement un grand livre qui venait de sortir et je l’ai apporté. Bien sûr, je pensais que c’était pour la forme – il ne lirait pas mes poèmes. Il m’avait regardé ainsi et avait dit: « Je crains que ça me sera difficile » Et puis il s’est avéré qu’il avait lu attentivement et lu jusqu’au bout et … en somme aimé.

La dernière fois que Olga a vu Jean-Paul II c’était l’année du millénaire, lorsque le Vatican a raccompagné le millénaire passé et préparé le nouveau.

-Cette année-là, chaque dimanche était consacré à quelque chose. Le dimanche j’ai trouvé tous les croyants de toutes les polices du monde et tous les infirmes. Ils pointaient sur la place devant la cathédrale Saint-Pierre, et je suis venue pour entendre ce que disait le Pape. Il était déjà un homme très diminué, il n’était presque plus maitre de ses mains. Les mutilés étaient les derniers. Ils venaient du monde entier. Et puis, le Pape a dit que l’humanité elle-même aborde le nouveau millénaire comme un infirme, estropié de tous les côtés. C’est ainsi qu’il a clôt la préparation de la nouvelle ère. Et après que ces infortunés sont passés devant le Pape, ils tous été changés, aux yeux de la transformation s’est opérée. Le Métropolite Antoine de Souroge dit que si ne peux voir dans les yeux d’un autre le royaume des cieux, tu ne le verras jamais. C’est seulement les gens qui découvrent les uns des autres.

***
Une bonne compréhension de ce qu’est la culture, a toujours différencié Sedakova de ce qui est généralement admis. Ne prouvant jamais rien à personne, elle a pris sur elle une mission de dépositaire. Dans une interview, elle a remarqué que: «La culture ne coïncide pas avec l’érudition livresque, on a été amené à le comprendre depuis l’époque des raznochinski. Je dirais que la culture c’est le développement direct des sens: tels que la vue et l’ouïe. Dans ce que l’Antiquité voyait la vocation du poète. Comme dans le cas d’Orphée – «l’adoucissement de l’humeur. » Un signe d’ « humeur adoucie» est par exemple lorsque qu’une personne ne répète pas les erreurs une fois remarquées.  »

– L’autorité morale est ce que pour la Russie, cette figure est-elle typique?

– Oui, bien sûr. Mais comme en Europe une autorité morale ce n’est pas toujours un intellectuel, et de même chez nous ce n’est pas directement lié à l’intelligentsia. À propos des intellectuels on doit raconter toute l’histoire, elle a une origine quelque peu différente de celle des intellectuels occidentaux.

– Racontez-moi. D’après les dénominations c’est difficile de se faire une idée.

– Oui, oui, c’est très difficile. Pendant les années de liberté relative nous avons formé un type de personnes qui préfèrent se faire appeler des « intellectuals », et non des « intelliguentes » (les deux mots sont intellectuels en français). Ce sont des personnes instruites traditionnellement de gauche. Avec une ironie caractéristique, mais plutôt un péjorative, «déconstructivante» plutôt que pathétique. Ils sentent eux même leur différence par rapport aux anciens intellectuels, que nous avons failli ne pas trouver. L’intellectuel pré-révolutionnaire est un homme libre. Quand on dit que Likhatchev est un exemple de ce véritable intellectuel, il convient d’avoir quelques réserves. Il n’était pas libre, il a dû faire un grand nombre de compromis. Aussi ce n’est pas la peine d’idéaliser l’intelligentsia pré-révolutionnaire. Mais c’est certain qu’ils étaient indépendants de la politique officielle.

-L’intellectualité est elle un non-engagement?

– Oui, il y a là quelque chose de commun entre l' »intellectual » et l' »intelliguente » mais avec une différence: nos intellectuels sont principalement issus de Popovich – voici une autre généalogie. A l’intérieur il y avait une partie très guerrière qui donna ensuite les Narodniki. Ces Popovichiens ont engendré une conscience vive anti-religieuse et même dans une certaine mesure une nouvelle religion : la religion du peuple et c’est Nekrassov qui l’exprima le mieux. C’est un esprit de sacrifice pour servir le peuple. Beaucoup plus que servir la culture. Voilà la différence. Les intellectuels (Intellectuals) choisissent la culture comme objectif de service. Et nos intellectuels (les inteligentes) choisissent les gens.

***
Au début des manifestations de masse à Moscou, Olga était en Italie. Elle dit que les visages de ces gens-là sur la place Bolotnaya, l’ont frappée. Juste se retrouver en une telle compagnie, c’est un miracle, et voilà qu’il y a en a toute une place!

– Pourquoi sur la place on entend pas la voix d’une autorité morale? Ce qu’on dit là-bas, ce n’est pas ça.

– Absolument, absolument pas ça! Depuis très longtemps on entend pas ce qu’on aimerait entendre. Le fait est que l’autorité morale c’est absolument une figure informelle. Cette reconnaissance qui vient des sentiments des gens ordinaires. La reconnaissance populaire spontanée. En outre admettons qu’il soit un éminent musicien ou philosophe, il est respecté pour une vie impeccable. Voilà ce qui est notre problème. Celui qui n’aurait pas commencé à parler sur les places, nous penserions que non, ce n’est pas ça. Ils peuvent bien parler mais ne pas y croire.

– Et vous en quoi et en qui est-ce que vous croiriez?

– En l’homme instruit et honnête qui ne veut pas de pouvoir personnel. Il s’agit d’un sujet très important – la dignité. Ce n’est pas seulement du jeu et la politique. C’est surtout la faiblesse de l’homme qui régnait Russie pendant la dernière décennie. Au début il était humilié par le système, puis sa libération eut lieu vers des formes très laides et humiliantes. Il est difficile de trouver les personnes plus très jeunes qui conservent de la dignité. Il semblait que personne n’en ait plus besoin. Et puis tout à coup, on voit des gens qui sortent et la première chose qu’ils disent: nous voulons être respectés. Leur demande n’est pas le pouvoir, pas d’argent mais le respect de l’homme. Il y a justement une nouvelle génération, elle ne pourra plus tolérer d’être humiliée, comme l’a subi la génération précédente. Ce qui est intéressant c’est que leurs adversaires ne peuvent pas intégrer ce message. Ils disent que ce sont des citoyens bien repus ou des occidentaux. Et des mots si simples qui n’ont même pas à être déchiffrés, ils ne les croient pas. Vous savez, plus que le mouvement de protestation, j’ai été attiré par une autre initiative. Par exemple, comment on a commencé à éteindre les feux de forêt, aider les enfants malades, ce que notre société n’avait jamais fait auparavant. Les gens peuvent s’aimer les un les autres, quand ils font ensemble quelque chose de bon, qu’ils ne demandent rien au dessus mais font juste quelque chose eux-même. C’est merveilleux. Une société est née et l’on ne peux plus la maltraiter

– Mais d’où est-est ce qu’on le prend, si les ainés ne l’ont pas appris?

– Le «rideau de fer » est tombé. Les gens ont vu une société fondée sur des bases humanistes, où personne ne peut pour la moindre raison offenser les autres et être agressif. Et bien sûr on est sorti de la peur. Les jeunes vivent dans un monde de plus larges possibilités. Où est l’homme soviétique a perdu sa dignité? Il savait que s’il ne le faisait pas, alors le livre ne serait pas publié. Mais maintenant on sait bien que si on ne peut pas imprimer, bon ben très bien, il y a Internet! On ne dépose plus d’imprimatur – les livres sortent sans imprimatur. Il n’y a plus cette fatalité qu’autrement on ne peut rien faire – il suffit passer par internet.

– Donc, la société est en mutation?

– Bien sûr, elle est beaucoup plus avancée que ceux qui la gèrent. Il était clair depuis longtemps qu’un jour viendrait où le conflit serait ouvert. Ce que les gens vivent maintenant en Russie, la verticale du pouvoir est incapable de se le représenter. Ce n’est peut-être encore qu’une minorité de la population fortement liée avec la capitale et les grandes villes, mais c’est sa partie historique. L’histoire ne se fait jamais avec l’intégralité du peuple. Notre état est maintenant éloigné de sa population. Entre eux deux il y a un mur infranchissable. Même dans la Russie tsariste il n’y avait rien de tel, que l’on décide tout pour tout le monde: ce que les scientifiques ont à écrire, ce que les enseignants doivent enseigner… C’est l’héritage du totalitarisme. Dans le système étatique cela n’a pas encore été dépassé, simplement devenu plus doux.

– Karl Jaspers à la fin des années 40 a proposé de régénérer l’Allemagne grâce à l’approbation morale de la verticale du pouvoir, il a également parlé de la dignité …

– Pas seulement Jaspers. J’ai eu à écrire, par exemple sur Dietrich Bonhoeffer, un pasteur allemand qui a pris part au mouvement anti-hitlérien et qui fut tué. Il a écrit une œuvre qui s’intitule « Dans dix ans » , il me semble que tout le monde devrait la lire. Il décrit l’expérience allemande, ce qui est arrivé à l’homme en dix ans de totalitarisme. La première tâche c’est d’avoir conscience de ce qui est arrivé à l’homme.

– Vous voulez parler de la période soviétique?

– Pour moi il n’y a pas de frontière. L’époque post-soviétique est une continuation de ce qui était semé. Nous avons eu une catastrophe qui s’est produite. Le système soviétique était un immense camp éducatif. On voulait créer un homme nouveau. A l’école et à la maternelle on endoctrinait les gens, à qui on retirait complètement le libre arbitre, et on disait qu’ils étaient conscients seulement s’ils étaient prêts à exécuter tout ce qu’on leur demandait. Mais de telles personnes étaient privées de la possibilité de penser à quelque chose de complexe et de profond. L’une des pires caractéristiques de cet homme soviétique était la méfiance. Voici un contraste énorme entre ce que nous voyons en Europe, et ce qu’il y a ici. Nous sommes toujours à la recherche d’une sorte d’arrière-pensée, nous n’écoutons pas directement les mots, constamment nous soupçonnons quelque chose. Et un homme qui fait confiance, qui accepte ce qu’on lui dit comme argent comptant passe pour un imbécile. Les années post-totalitaires, ont peut-être même renforcé ce trait ridicule, la méfiance des uns envers les autres et en général envers tout. De quoi peut parler une autorité lorsque tout est l’objet de soupçons? Pendant trop longtemps l’homme appris à ne pas faire confiance, et on le paye très cher. Avec un tel manque de confiance aucune société ne peut naître. Parce que la société c’est l’interaction de gens qui se font confiance les uns les autres. Et maintenant nous voyons que le gouvernement continue à jouer un jeu bien connu, mais la nouvelle génération n’en a plus besoin. Ils ne veulent pas qu’on les plonge dans les ténèbres et ne veulent pas non plus se plonger dans le noir.

– Mais pourquoi il n’y a pas de réponse du coté de la culture?

– Parce que toutes ces années durant, la culture contemporaine était représentée par des gens qui ne parlent pas positivement. Combien de fois j’ai dû aller à tel ou tel endroit en Angleterre ou en Italie, où l’auditoire me demandait: « Mais quoi? vraiment? la culture russe n’est pas morte? » Je disais «Non». Et ils répondaient: « Mais nous avons vu untel ou untel, et il nous a dit que tout était fini. » Depuis la fin des années 80 un festin a commencé, avec le communisme on a mis un terme à la grande culture russe, ça suffit, elle est répressive et ainsi de suite. Et ça ce sont les acteurs de la culture eux-mêmes qui l’ont fait.

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– Dans votre dernier livre: »L’apologie de l’esprit», vous écrivez au sujet d’une propriété particulière de l’esprit – penser de tout son être, par la nature, de part en part, de haut en bas. On ne peut penser ainsi que sur Dante? Ou bien est ce que c’est applicable à la politique?

– La pensée sur la vie et la pensée sur Dante c’est la même chose, cette idée c’est la façon dont Dante voit la vie. Pour ce faire il n’est même pas absolument nécessaire de lire la comédie. Nous parlons ici d’une certaine compréhension de la vie, qu’ont les soi-disant gens ordinaires, en particulier les paysans, et pour une quelconque raison il l’ont beaucoup plus facilement que les gens instruits.

– Et où apprendre cela?

– Oui, en effet toute la question c’est que c’est très peu enseigné. Le système éducatif a cessé de fonctionner avec l’homme. L’éducation c’est l’éducation de l’homme. Mais je connais des enseignants qui font cela. C’est comme Bibikhin, ses conférences étaient non seulement sur la philosophie de Heidegger et de Wittgenstein, mais aussi d’une conversation sur le monde et la vie, c’était l’amorce d’une autre conscience. Dans un sens Averintsev procédait de même. Ce n’est pas sur Virgile que nous allions l’écouter, il nous parlait de quelque chose de beaucoup plus grand.

– Maintenant une telle façon de penser est elle accessible?

– C’est toujours accessible, et ça ne devrait pas perdre de son attrait. L’homme, par nature, aime la sagesse et la beauté. Il est été attiré vers cela. Dans n’importe quelle position l’homme se rappelle la valeur de cette sagesse. Il semble que vous pouvez vivre sans elle, que c’est superflu et qu’il faut apprendre de certaines choses basses. Mais nous devons nous rappeler que à la racine de la vie il y a certaines conceptions et certaines responsabilités. Nous l’avons simplement oublié. L’esprit est réduit à une rationalité technique qui ne voit pas d’impact immédiat. La pensée est maintenant très courte.

– Cette capacité est caractéristique de notre formation politique?

– Absolument pas caractéristique. Je ne sais pas du tout si nous avons une formation politique. Où nous sommes formés à la politique? Avant c’était dans les écoles du parti, et maintenant d’où on apprend ça? Ils ne n’en n’ont manifestement pas, ne serait-ce même que la politique générale ou une formation générale humanitaire.

– Que suggèreriez-vous?

– J’ai une pensée très simple qui vient de la vie: l’homme devrait vivre avec un cœur beaucoup plus tendre que ce à quoi nous sommes habitué. À l’école, dans la rue, depuis son enfance l’homme doit au moins se sentir aimé, respecté, alors il se développe bien mieux intérieurement. Comment construire une société humaine, je ne sais pas, mais chacun à son niveau peut en faire un peu: permettre à l’homme d’être heureux. Le grand art a cette capacité d’apporter le bonheur. Aujourd’hui dans le monde il y très peu de tels artistes.

***

– Vous êtes une personne orthodoxe. Il y a des rumeurs au sujet d’une certaine communauté dont vous faites partie.

– Non, je n’en suis pas. Je suis un paroissien ordinaire de l’église de l’ordinaire. Mais j’ai des amis qui en étaient avant, quand ils n’étaient pas connus, s’appelaient kochetkovtz parce que le fondateur de leur communauté était le Père Georgy Kochetkov. Maintenant leur position dans l’église complètement rétablie, plus aucun d’entre eux n’est sur la sellette. Je ne suis pas un membre de ce mouvement, je suis simplement leur ami, ils me plaisent vraiment. Chaque année en automne, ils organisent des conférences sur divers sujets. L’année dernière, c’était consacré au service à l’église dans la société, voilà encore l’une des valeurs qui ont disparu. Avec le service on a des rapports plus froids, parce que la propagande l’exige: sers, sers, sers – la patrie et le Parti. Pour beaucoup, la liberté se situe dans le fait de ne servir rien ni personne, et vivre leur vie privée. C’est une réaction naturelle. Mais toute personne qui s’occupe des gens avec un point de vue philosophique ou religieux, sait que demeurer ainsi est impossible. Après quelques temps cette vie privée se révèle être vide et détestable. L’homme doit servir quelque chose, quelque chose doit lui être plus cher que lui-même. Ses valeurs personnelles résident dans le fait qu’il sert quelque chose.

– Et maintenant la question de ce service resurgit?

-Quoique maintenant il y a la dignité – se tenir droit et ne pas donner sujet à des moqueries. Mais la nécessité du service se pose aussi. Je connais des gens qui travaillent avec des orphelins, avec des malades – ils sont nombreux, et il n’a rien à voir avec le pouvoir. Quand ça n’a plus été interdit, tout le monde s’est rendu compte que cela pouvait être fait. Mais cela a mis beaucoup de temps avant que l’on comprenne que cela devait être fait. Cette idée a été repoussée chez nous: aider. L’homme est un ami pour l’homme, un camarade et un frère, mais certainement pas celui qui aide le pauvre, qui plaint le malade. Mais jusqu’à présent le monde occidental se base sur ça. Dans le même temps ils l’appellent eux même post-chrétien, le nombre fidèles suivant règles de l’église est très petit: en France probablement 3% et en Angleterre 2%. Mais ce monde est construit sur des valeurs chrétiennes.

– Et le monde orthodoxe?

– Maintenant que l’église est devenue une partie légale de la vie en commun, Tout ce qui était avant dans la société s’y est retrouvé. Elle a absorbé des gens qui lisent des prières mais dans leur tête, ils ont de la matière, la lutte des classes c’est une horreur. Mouvement chrétien ou humain n’est pas souvent que vous voyez dans l’église, mais seulement dans la vie. Cela signifie que l’humanité n’est pas morte.

– Est-ce qu’un Etat moderne peut être fondé sur des valeurs traditionnelles?

– Je suis pour un Etat laïc. L’état ne doit pas avoir de justification religieuse. Dans sa conception c’est une chose assez simple: il s’agit d’un système qui, comme Paul l’a écrit, protège le bon du mauvais. Pourquoi y a-t-il une religion? Elle accomplit simplement une sorte de justice. L’orthodoxie ne devrait pas avoir une position privilégiée, en particulier en Russie, où il y a de nombreuses confessions différentes. La véritable orthodoxie bien sûr, change l’homme. Mais la transmettre? L’idée d’enseigner cela à l’école ne me plait pas. Lorsque des indignes enseignent des choses dignes, il grandit une génération de Popovich-Aimant-le-bien et ce sera encore un autre populisme.

– Est-ce que les valeurs changent? Le bien, l’amour?

– Ce n’est pas une question de valeur, mais de conditions de vie. C’est ce sans quoi on ne peut pas vivre, c’est le fondement de l’humanité. Et, peut-être, pas seulement de l’humanité. Tenez mon chat est mort récemment. J’ai vu en lui beaucoup de dévouement et de d’abnégation. C’était sa vie. Pouchkine a dit: le sens moral dans la nature des choses. Si une partie de la vie commence à vivre au mépris de son environnement, à ne vivre que pour elle-même – je pense qu’elle va bientôt mourir … Rappelez-vous le dernier vers de Dante: « L’amour qui meut le soleil et les astres »? C’est une loi physique. Sans cela, tout est fini.

***

En 1974, Olga Sedakova a pour la première fois lu ses poèmes en présence de Lotman à Tartu. Alors Yuri Mikhailovich chuchota à son professeur Nikolaï Tolstoï: « N’en faites pas un savant, laissez la poète. » Sedakova devint l’un et l’autre, et encore quelqu’un d’autre. Peut-être quelque chose comme un diapason, finement réglé pour rechercher l’autre, l’harmonie humaine extérieure, la soumission et l’existence du bonheur.

– Un jour, lors d’une rencontre une question de l’auditoire fut: combien de pour cent de vos vers sont sur Dieu? Vous avez dit: «Tous les vers sur Dieu? Ça doit faire dans les 60%.  » Et les quarante autres?

– Vous savez, les quarante autres ils ne m’intéressent pas trop, ils peuvent être sur n’importe quoi.

– Il est difficile d’avoir le don?

– Oh, c’est difficile! Tu n’es jamais sûr que tu l’as. Maintenant, il est là, et après il semble qu’il ne sera jamais là.

– Et comment savez-vous quand il est là?

– C’est facile! C’est comme le soleil soit il est là, soit il fait nuit.

– Est ce que vous accepter l’idée selon laquelle vous êtes le seul poète depuis Brodsky.

– Je pense que même avant! – Sedakova soulève innocemment les sourcils. – Je n’aime pas trop Brodsky. C’est un poète qui ferme. Et des raisons pour cette fermeture il n’y en avait pas beaucoup. Nous avons besoin de nouveauté, mais de nouveauté informelle. Il ne cessait de parler de la langue, mais la chose, ce n’est certainement pas dans la langue. Le fait est qu’il y a quelque chose à dire. Et il ne cessait de répéter: «Je n’ai rien à dire. » Je suis de mauvaise humeur quand je le lis.

– Qu’est-ce que la poésie doit donner?

Vous savez, récemment deux personnes m’ont écrit que mon poème – « L’Ange de Reims » – les a sauvées du suicide. L’une d’elles vit en Italie et l’autre en Suisse. Elles ont lu ces poèmes en traduction. Est apparu un monde de jeunes gens malheureux qui ne comprennent pas pourquoi vivre. Ils n’ont vraiment rien à faire tout leur semble sans valeur – la civilisation n’offre rien en soi. Une fille qui voulait se tuer se ravisa après avoir lu l’«Ange de Reims, » ​​ nous avons même parlé. Je lui ai dit, ‘Vous avez tellement de beauté. Ca me suffirait de regarder un lac dans les Alpes « . Et elle dit: «Non, il n’y a pas assez de beauté. » Elle a tout. On l’aime, elle a des parents merveilleux. Elle ne peut pas expliquer. Simplement elle il n’y a pas de sens pour elle de se lever le matin. A chaque fois, cela n’a aucun sens. Et je leur dis une chose simple: vous pouvez vivre.

 

L’ANGE DE REIMS

à François Fédier

Es-tu prêt ?

sourit cet ange –

je pose la question, bien que je sache :

sans aucun doute tu es prêt ;

car ce n’est pas au premier venu que je parle,

mais à toi,

homme dont le cœur ne souffrira pas qu’on trahisse

ton roi terrestre

qui devant tout le peuple était ici couronné,

ni l’autre souverain,

le Roi des Cieux, notre Agneau,

mourant dans l’espérance qu’à nouveau tu m’entendes ;

encore et encore,

comme tous les soirs,

les cloches appellent mon nom,

ici, en cette terre où croît le bon froment

avec le raisin blond,

et l’épi et la grappe

s’abreuvent de mon timbre.

Mais quand même,

dans cette pierre rose qui s’effrite,

levant le bras,

que la grande guerre m’a arraché,

quand même, laisse-moi te rappeler :

es-tu prêt ?

pour la peste, pour la faim,

les tremblements de terre, le feu, l’invasion des barbares,

le déferlement des fureurs ?

sans doute, tout cela est grave, mais je ne parle pas de cela.

Non, ce n’est pas cela qu’il me faut rappeler.

Ce n’est pas pour cela que l’on m’a envoyé.

Je dis :

es-tu

prêt

pour l’incroyable bonheur ?

 (traduction Philippe Arjakovsky)

On peut lire et écouter Olga Sedakova dire son poème en public (suivie de la traduction en Italien) ici.

Zemfira Avion

Paroles  Земфира Самолёт – Zemfira Avion
Сколько в моей жизни было этих самолетов
Никогда не угадаешь где же он не приземлится
Я плачу за эти буковки и цифры
Улечу на этом кресле прямо в новости
Давай, я позвоню тебе еще раз
Помолчим, поулыбаемся друг другу
Я пытаюсь справиться с обрушившимся небом
Я никак не слабачок, но тут такие перестрелки
Я молчу, белеет парус одинокок
Combien il y a eu de ces avions dans ma vie
Et tu devines jamais où c’est qu’il atterrit
Je pleure pour ces lettres et ces chiffres
Je vais m’envoler sur ce fauteuil droit dans les nouvelles
Allez, je vais t’appeler encore une fois
Gardons un peu le silences, sourions nous l’un l’autre
J’essaie de venir à bout de ce ciel tombant
Je ne peux pas faiblarde, mais là bas il y a fusillades
Je me tais, la voile seule blanchit
 Дурачок, он ничего не понимает
Корабли имеют сердце и возможность выбирать
И погибая улыбаться
Мы с тобой еще немного и взорвёмся
Жаль, но я никак не научусь остановиться
Разгоняюсь-загоняюсь как отпущенная птица
L’idiot, il ne comprend rien
Les navires ont un cœur et la possibilité de choisir
Et mourir de sourire
Et on va encore se mettre en colère
Désolé, mais je n’apprendrai jamais à m’arrêter
Je prends mon élan et voltige comme un oiseau libéré
Хорошо, я буду сдержанной и взрослой
Снег пошёл и значит что-то поменялось
Я люблю твои запутанные волосы
Давай, я позвоню тебе ещё раз, помолчим
Люблю твои запутанные волосы
Давай, я позвоню тебе ещё раз, помолчим
Люблю…
Люблю…
D’accord, je serai discrète et adulte
La neige a disparu et ça veut dire que quelque chose a changé
J’aime tes cheveux emmêlés
Allez, je vais t’appeler encore une fois,
On se va se taire un peu
J’aime tes cheveux emmêlés
Allez, je vais t’appeler encore une fois,
On se va se taire un peu
J’aime …
J’aime …

Stromae Aliona Dast!

Les artistes francophones ont parfois beaucoup de succès et de prestige en Russie, il y a bien sûr Joe Dassin ou Charles Aznavour mais aussi Patricia Kass ou Mireille Mathieu. Il y a heureusement aussi des artistes plus jeunes comme Zaz qui sont de véritables stars. Mais il y a deux ans il y a eu aussi un artiste Belge qui a eu beaucoup de succès grâce aux radios, Stromoe. Son tube Alors on danse est rapidement devenu universellement écouté. Bien entendu les paroles hautement philosophiques ( la vacuité de l’existence humaine contemporaine justifiant la défonce sur les pistes de clubs) étaient un peu trop subtiles pour un auditoire russe, cela n’était pas grave dans la version Francophone mais pour la version Russophone il a fallu adapter et choisir des paroles plus terre à terre, je vous propose donc vous pencher sur la version Russe de Alors on danse.
Remarquez au passage le suberbe Kh à la Française et le magnifique R, d’une interrrrrrrrrrprrrrrrrrrétation incomparrrrrrrable…

Paroles Stromae – Алена даст
Алена
Алена
В своей жизни развеселой
Я много женщин повидал
Но такую как Алена
Ни где ни разу не встречал
Алена девушка что надо
И независимо от мест
Утром, днем и поздней ночью
Она обожает секс
Ее фигура сексуальна
Ноги просто от ушей
Ее мечта на этом свете
Побольше отыметь парней
Хочешь ощутить комфортный
Эротический контраст
Просто позвони Алене,
Алена даст x10 
Aliona
Aliona
Dans ma vie épanouie
J’ai vu beaucoup de femmes
Mais des comme Aliona
Jamais nulle part j’ai rencontré
Aliona est la fille qui faut
Et peu importe où
Dans la matinée, après-midi et tard dans la nuit
Elle adore le sexe
Sa silhouette sexy
Elle a des jambes longues jusqu’aux oreilles
Son rêve sur cette terre c’est
Baiser le plus possible les mecs
Tu veux à l’aise ressentir
Un contraste érotique
Il suffit d’appeler Aliona,
Aliona Donne x10 
Мы как-то отдыхали вместе
С чуваками хорошо
И после всего выпитого
Нам хотелось одного
Побольше секса, море ласки
Очаровательных подруг
И нам поможет попасть в сказку
Алена-лучший в мире друг.
« Алло, Алена мы на даче,
Сможешь приехать через час?
Но нас тут семеро
Ты дашь? » « Конечно дам »Алена даст x5Конечно дам
Алена даст

Просто позвони Алене
Алена даст

Une fois on s’est reposés
Avec des gars bien
Et après avoir tout bu
Nous voulions une
Avoir plus de sexe, une mer de caresse
De délicieuses amies
Et nous aider à entrer dans un conte
Aliona, la meilleure amie du monde.
« Allo Aliona nous sommes à la Datcha,
Tu peux venir dans une heure?
Mais nous sommes ici sept
Tu vas donner? « Bien sûr, On donne »Aliona Donne x5Bien sûr, on donne
Aliona Donne

Il suffit d’appeler Aliona
Aliona Donne x9

Ceci dit il y a d’autres interprétations encore de Alors en danse, toutes d’une vacuité affligeante.

Zemfira Messieurs

Paroles Zemfira Messieurs
Господа, маски сброшены, карты разложены
Получаем кому что положено
Господа, Вы не поняли самого главного
Вам хотелось течения плавного
Все мы в зеркале славные
Messieurs, masques sont tombés, les cartes sont étalées
On reçoit ce que l’on est supposé recevoir
Messieurs, vous ne comprenez pas le plus important
Vous souhaiteriez un cours harmonieux
 Господа, перестаньте скрывать напряжение
Эта партия до поражения
Господа, осторожнее, стены окрашены
Вам достался соперник безбашенный
Молитвами Вашими
Господа
Все мы в зеркале славные
Молитвами Вашими
Chacun d’entre nous dans le miroir de la glorie
Messieurs, arrêter de se cacher la tension
Ce parti est de la défaite
Messieurs, soyez prudent, les murs sont peints
Vous avez un rival de la tourrelle
Messieurs par vos prières
Nous sommes tous dans le miroir de la gloire
Par vos prières.

Mais que font ces smileys sur les murs?

Peut être avez vous remarqué qu’au mois d’avril les murs de la capitale russes ont été envahis par d’énigmatiques smileys. Des sourires pour vaincre la morosité printanière? Bizarre… on pourrait croire à une blague de quelques copains mais comme cela a lieu dans de très nombreux quartiers en même temps on ne peut que se poser la question de ce qu’il y a là dessous, pour marquer d’un sourire autant d’immeubles dans des quartiers si différents il faut de gros moyens.

La réponse est donné par An, c’est du Street Marketing pour Dudu. Comme chacun ne sait pas Dudu est un réseau social qui est en phase Alpha et qui vise à faire sauter les barrières linguistiques, arabe, anglais ou en turc… pas de problème on vous traduit tout en russe dans un sens et dans l’autre.
Ce n’est pas sûr que des fonctionnalités supplémentaires permettent au réseau social de concurrence Twitter, facebook, odnoklasniki ou vkontakte. Pourquoi en effet s’inscrire à un réseau social de plus?

En attendant il y a des smileys partout dans Moscou, heureusement c’est moins moche que les publicités pour la pyramide financière MMM qui s’étendent toujours plus sur l’asphalte tels les mauvaises herbes de la cupidité humaine.

Vassia Oblomov. Ksenia Sobtchak. Leonid Parfenov VVP

Le trio Vassia Oblomov, Ksenia Sobtchak, Leonid Parfenov s’était fait remarquer il y a deux mois avec une lettre ouverte à Dmitri Medvedev alors président. Ils ont maintenant enregistré un message similaire pour Vladimir Poutine. L’idée est que Poutine est mal informé de la situation du pays, son administration est bien consciente des problèmes mais chacun de ses collaborateurs à intérêt à mentir ou à cacher la vérité.

Sur les pancartes on lit les messages suivants:
Vassia: La stabilité pour toujours
Xenia: Tout le monde vous ment
Leonid: Que le mandat soit à vie!

Quelques petits rappels pour comprendre la chanson:
Nourgaliev est général, Gloikova est ministre de la santé. Andrei Frusenko est ministre de l’éducation.Yegué, ЕГЭ est l’examen d’état unifié de fin d’études (une sorte de baccalauréat mais dont le programme et la mise en œuvre sont l’objet de contestations dans le monde de l’éducation, si cela vous intéresse vous pouvez vous entrainer en ligne sur Yandex). Les Nashi sont un mouvement de la jeunesse fondé en 2005 par Vasily Yakemenko. Le nom sur Twitter de Medvedev est Racha pour @MedvedevRussia en revanche Vladimir Poutine n’utilise ni e-mail si quelconque service en ligne.
A Saint Petersbourg une partie du budget a opportunément été détournée grâce à une loi visant à réprimer la « propagande pour l’homosexualité ». Vladimir Churov est le président de la commission électorale depuis le 27 mars 2007 et ancien député. Les bots sont des logiciels qui parcourent internet.
Mikhalkov est un cinéaste (proche du pouvoir).
Taganrog est une ville portuaire du sud de la Russie dont Anton Tchekhov est issu ainsi que le téléspectateur moyen de la comédie Nasha Russia. Edro est le diminutif du parti  (Russie Unie).

Вася Обломов, Ксения Собчак и Леонид Парфенов. «ВВП»
Обломов:
Владимир Владимирович, тут такое дело…
Не хотелось бы, чтобы это Вас как-то задело,
Но народ сказывает про Вас разное:
И хорошее, конечно, и совсем безобразное.
Мы всецело поддерживаем здравое начинание,
Но никто не выполняет Ваши обещания!
Вас разводят как лоха на каждом шагу,
У Парфенова спросите!

Парфенов:
Все так, я не вру!
Деньги отмываются даже на борьбе с коррупцией,
Ни один полицейский не знаком с Конституцией, Нургалиев наврал про успехи реформы,
Деньги распилили даже на пошиве формы!

Собчак:
Голикова врет Вам про здравоохранение,
Вам безбожно врут опросы общественного мнения,
Фурсенко врет про реформу образования,
Про пользу ЕГЭ и про школьное питание.
Вам врет Фонд патриотического кино,
Они пилят бюджет и снимают г***о.

Обломов:
Движение « Наши » и кремлевская молодежь
В заслуги Вашей партии ставят овощи и рожь.
Вам гонят пургу в Министерстве обороны –
Армия за**ается, не работают законы.

Oblomov:
Vladimir Vladimirovitch, voilà il y a une affaire …
Je ne voudrais pas que cela vous heurte,
Mais les gens disent de vous des choses diverses:
Du bien, bien sûr, et du tout à fait honteux.
Nous soutenons pleinement une initiative raisonnable,
Mais personne ne met en œuvre vos promesses!
On vous baratine comme un gogol à chaque pas,
Demandez à Parfenov!Parfenov:
C’est cela, je ne mens pas!
L’argent est blanchi, même celui  de la lutte contre la corruption
Pas un seul policier n’est familier avec la Constitution,
Nourgaliev a menti sur la réussite des réformes
L’argent est détourné y compris dans la confection des uniformes!

Sobchak:
Golikova vous ment à propos de la santé publique,
Les sondages d’opinion vous mentent sans vergogne
Fursenko ment sur la réforme de l’enseignement,
A propos de l’utilité de Yegué et des repas scolaires.
Le fond du cinéma patriotique vous ment,
Ils détournent le budget et de filment de la mer*e.

Oblomov:
Le mouvement « Nachi » et la Jeunesse Kremlénienne
Dans le mérite de votre parti place des légumes et du seigle.
On vous chasse la tempête au ministère de la Défense –
L’armée ****, les lois ne fonctionnent pas.

Парфенов:
Новости превратились в Ваш видео-дневник,
Был Медведев Раша, а у Вас какой ник?Собчак:
Видимо, Вы начали обо всем догадываться,
Что ложь обступила и продолжает подкрадываться.
Вовремя дистанцировались от « Единой России ».
Мутная партия! Скажи, Василий!

Обломов:
Конечно! Какие тут могут быть друзья!
Вот раньше всем заправляла президентская семья.
Пока в Питере борются с пропагандой пи***ов,
Чуров наврал Вам про результаты выборов.

Парфенов:
Вам вешают лапшу на уши про пенсионные льготы,
В интернете Вашими сторонниками являются боты.
Люди смеются над Вашими перестановками,
Близнецов обзывают Димками и Вовками.

Parfenov:
Les nouvelles se sont transformées en votre journal vidéo
Medvedev était Racha, et vous quel est votre surnom?Sobchak:
Apparemment, vous avez commencé à soupçonner
que le mensonge entoure tout le monde et continue de s’immiscer partout.
On s’est éloigné à temps de «Russie Unie».
Parti trouble! Dis, Vassili!

Oblomov:
Bien sûr! Quels ami peut il y avoir!
Avant la famille présidentielle était pour tout le monde.
Maintenant à Saint-Pétersbourg on lutte contre la promotion des pé***s,
Churov vous a menti sur les résultats des élections.

Parfenov:
Vous traînez des nouilles dans les oreilles sur les pensions de retraite,
Sur internet, vos supporters sont des bots.
Les gens rient de vos permutations
Des jumeaux qu’on surnomme Dimka et Vovka.

Собчак:
За митингами, показанными по всем каналам,
Платились бабки и преимущественно налом.
Автобусами с регионов свозили народ,
Изображали нереальную поддержку – так вотОбломов:
Михалков ляпнул, что Ваша власть от Бога -Не догнал даже токарь из-под Таганрога !На митинге поддержки за Вас и за ЕдРо
Народ прорвал оцепление и ринулся в метро.

Парфенов:
Странно, что Вам это все неизвестно.
Есть решение! Если интересно,

Собчак:
Заводите « Твиттер », следите сами за всем,
Регистрируйтесь в « Фейсбуке », и затем…

Парфенов:
…будете в курсе событий в стране –
Это информативнее, чем Ваш вакуум в Кремле.

Обломов:
Верьте нам, Владимир, мы с Вами не первый год,
Если что – мы на связи! Российский народ.

Sobchak:
Pour les manifestations on a montré sur toute les chaines,
Des grand-mère payés pour la plupart en cash.
Des autobus amenaient les gens des régions,
On représentait un soutien irréaliste – et voilà

Oblomov:
Mikhalkov a lâché que votre puissance vient de Dieu –
Même un tourneur sur de Taganrog ne le goberait pas!
Lors d’un rassemblement de soutien pour vous et pour Edro
Le peuple a franchi le cordon et s’est précipité dans le métro.

Parfenov:
C’est étrange que ça vous soit inconnu.
Il y a une solution! Si vous êtes intéressé,

Sobchak:
Allez sur « Twitter », et suivez tout le monde vous même
Inscrivez-vous sur « Facebook », et puis …

Parfenov:
«Tenez-vous au courant des événements dans le pays –
C’est plus informatif que votre vide dans le Kremlin.

Oblomov:
Croyez-nous, Vladimir, nous sommes avec vous pas pour la première année,
Si il y a quoi que ce soit – nous sommes en contact! Le peuple russe.

Zemfira : des contes

Paroles Zemfira : des contes
Фонари гаснут
Пара на крыше
Слушать как часто
Соседи дышат
Любят друг дружку
И сном убиваются
И прячут в подушку
Секреты красавица
Да им же не больно
Звёзд не касались

Сказки!Мои любимые
Не читаешь не надо
И я топаю на крышу

Сказки! Мои любимые
Не читаешь не надо
И я топаю на крышу

Les feux s’éteignent
Il y a un couple sur un toit
Ecouter le rythme de la
Respiration des voisins
Ils s’aiment l’un l’autre
Et s’entre-tuent en rêve
Et cachent dans l’oreiller
Des secrets, ma belle
Mais ça ne leur fait pas mal
Ils n’ont pas touché les étoilesLes contes! Mes préférés
Tu ne les lis pas, pas besoin
Et je trépigne sur le toit

Les contes! Mes préférés
Tu ne les lis pas, pas besoin
Et je trépigne sur le toit

Холодно голой
Антены качает
Последний тролейбус
В депо не встречает
Ленивая шалость
Последней недели
Так мало осталось
До первой метели
Но им же не больно
Звёзд не касались

Сказки! Мои любимые
Не читаешь не надо
И я топаю на крышу

Сказки! Мои любимые
Не читаешь не надо
И я топаю на крышу

Nue, j’ai froid,
Le dernier trolleybus
Secoue ses antennes
Au dépôt on ne rencontre pas
D’espièglerie paresseuse
Les dernières semaines
Il reste si peu de temps
Avant la première tempête de neige
Mais ça ne leur fait pas mal
Ils n’ont pas touché les étoiles

Les contes! Mes préférés
Tu ne les lis pas, pas besoin
Et je trépigne sur le toit

Les contes! Mes préférés
Tu ne les lis pas, pas besoin
Et je trépigne sur le toit

 на на на на на
на на на на на
на на на на на
на на на на на
Сказки! Мои любимые
И я топаю на крышу

Сказки! Мои любимые
Не читаешь не надо
И я топаю на крышу

Ска-а-а-а-а….
И я топаю на крышу

Ска-а-а-а-а….
И я топаю на крышу

Na na na na na
Na na na na na
Na na na na na
Na na na na na
Les contes! Mes préférés
Et je trépigne sur le toit

Les contes! Mes préférés
Tu ne les lis pas, pas besoin
Et je trépigne sur le toit

Skа-а-а-а-а….
Et je trépigne sur le toit

Ska-а-а-а-а….
Et je trépigne sur le toit

DDT Paris

Iouri Chevtchouk aime beaucoup Paris, il y a séjourné avec plaisir bien sur, y a donné des concerts mais aussi y a consacré une chanson sur son album L’échoppe (en Francais dans le texte, 2008).

DDT Paris
Париж сверкает спелыми очами
Я здесь в пути на белом праздник мои
Молитвы ждет наполненый ночами
Еще три дня Париж я не хочу домой /2раза
Paris brille avec des yeux mûrs
Je suis ici sur le chemin de ma fête blanche
Prières dans la nuit remplie d’attente
Encore trois jours, Paris, je ne veux pas rentrer à la maison / 2 fois
 Еще три дня ни вьюги не тревоги
В глазах прохожих тишь да благодать
Листаю я да наше ржание дороги
Мне трудно с вашим миром увяза ть /2раза
Encore trois jours sans blizzard et sans s’inquiéter
Dans les yeux des passants le silence et la grâce
Oui, je feuillette le hennissement de notre route
Il m’est difficile de lier avec votre monde / 2 fois
 И так легко как капля от фонтана
Летаю я летаю как во сне
Моя душа в объятьях голого Платана
Березой белой плачет по зиме /2 разаЗдесь только здесь так хочетса напится
В короткои юбке бродит ночь со мной
Я полюбил твои сиреневые лица
Еще три дня Париж я не хочу домой /2 раза
Et c’est léger comme une goutte de la fontaine
Je vole, je vole comme en rêve
Mon âme serrée dans les bras d’un platane nu
Pleure l’hiver comme un bouleau blanc/ 2 foisIci seulement ici on veut tellement boire
La nuit flâne avec moi en mini juppe
J’ai adoré ton visage lilas
Encore trois jours, Paris, je ne veux pas rentrer à la maison / 2 fois